L'Ultime Combat des Héros

Depuis plusieurs semaines déjà tous les regards sont tournés vers le rassemblement de centaines de héros qui affluent des quatre coins de l’Outre Monde pour obtenir l’une des deux cent places tant convoitées pour l’Ultime Combat des Héros.
Les débats vont bon train, les uns jaugent les autres, chacun a son idée quant à la stratégie à adopter pour écraser ses rivaux et s’illustrer au sein de la plus haute caste parmi les Hommes.

Mais qui s’est seulement interrogé sur ce qui se passait du côté de la population pourtant la plus répandue sur la planète ? Quelqu’un s’est-il seulement penché sur le point de vue des Morts-Vivants ??

Oui, une personne s’est rendue, par delà le grand rift, dans les terres incultes du nord pour aller à la rencontre de ce peuple abhorré et réaliser une interview exclusive de Paul McAbbey Road l’une des figures emblématique du mouvement militant « Ni Mort, Ni Vivant ».

Notre reporter sans frontière, Kevin Jépissine nous livre en avant première le message des Zombies et nous apporte la preuve, s’il en fallait une, que Romero avait vu juste puisque ces créatures putrescentes sont également dotées d’un certain degré de conscience et d’une relative compréhension du monde qui les entoure.

Kevin : Mr McAbbey, vous n’êtes pas sans savoir que dans les places fortes des vivants s’organisent de puissantes armées de héros qui se préparent à un exercice de survie hors du commun contre vos semblables ?

Paul : gruumff… oui, je me suis laissé dire que des légions de bipèdes suicidaires s’apprêtaient à installer leurs bastions sur nos terres…

K : vous ne semblez pas vous en inquiéter outre mesure. Vous savez pourtant que pour nombre d’entre eux la chasse aux liches est un hobby pour ne pas dire un sport national.

P : Je.. j… raaaahhhh !!! Je ne vois là que motif de réjouissance. Mon peuple a l’estomac dans les talons et ce n’est pas qu’une métaphore. Un proverbe zombie dit : « Toute viande à point sera toujours tendre » ou quelque chose comme çaaaaaa.. aaaahhh.

K : Ainsi donc vous attendez la venue de ces courageux aventuriers comme on attend la caravane du tour de France ?

P : Ma foi, c’est tout, argh arrr.. fait ça ! Ils paradent fièrement, persuadés que nous ne sommes que de la viande morte, nous trainant lamentablement en laissant ici et là un peu de nous. C’est vrai, notre déliquescence peut être un handicap parfois.

Mais vous autres les vivants avez le ju.. jj..jugement hâtif. Et quand vos concitoyens se trouveront cernés par la horde des miens, il n’auront nulle échappatoire et c’est lentement mais surement que nous les agripperons pour mieux les dévorer.

K : (bruit de déglutissement) humm, mais ils sont super entrainés, manient des armes de destruction massive, utilisent des animaux de combats et certains sont même passés maîtres dans l’art de l’infiltration. Ils pourraient fort bien faire usage de tous leurs talents pour éradiquer la menace, sauf votre respect, que vous représentez à leurs yeux.

P : Bouaaah ..aaaahh ahaaarrrffff ! (réajustant son maxilaire inférieur) Leur détermination tient davantage de l’ignorance et de la suffisance. Chacun des leurs qui disparait vient grossir nos rangs. Si deux cents de ces imbéciles préé..tentieux arrivent jusqu’ici dans l’idée de nous repousser, je vous promets une beurrk.. belle boucherie. Et personne pour en témoigner.

K : Comment cela ??

P : vous avez déjà vu un hors-d’œuvre, heuu.. un humain je veux dire, qui est revenu « vivant » d’un de vos bleds minables pour raconter ce qui s’était passé une fois que la Horde avait rasé la région, dévasté les refuges et exterminé la population ?

K : …

P : D’ailleurs, vou..vous faites quoi avec ce magnétophone … ?

K : Moi ? ah ça, c’est en fait, bah… comment dire, c’est juste que…

Kevin se volatilisa soudainement sous les yeux vitreux et incrédules des morts-vivants.
Après un instant de stupéfaction il réalisa qu’il se trouvait à quelques lieues des ruines où s’était rassemblée la putride engeance quand une voix rauque l’interpella.

T’as du bol que je passais dans le secteur l’avorton. Je t’ai sorti de ce merdier grâce à mon sauvetage héroïque. Ça te trou le fion, hein ?
C’était Gro’Bill le Barbare des Steppes, Gardien de son état, qui s’exprimait dans ce registre poétique si cher à son clan.

Allez, suis moi, je te ramène au Colisée des Âmes Damnées, on vient de finir la cage à viande !